L’Asclépiade commune
Une plante vivace indigène aux multiples applications qui mérite une place de choix dans notre paysage québécois.
Plante indigène
Asclepias syriaca, Asclépiade commune
On la remarque lorsqu’elle fleurit fin juin début juillet, selon les régions du Québec. Une sphère de petites fleurs roses au parfum exquis porté par le vent et le bourdonnement des pollinisateurs vaillants. Le miel provenant du nectar de l’asclépiade offre une saveur distinctive et délicieuse.
On la retrouve surtout dans les milieux secs et ouverts tels que les bordures des champs et des routes. Ses tiges mesurent en moyenne 1 m de hauteur, mais peuvent atteindre 1,5 m lorsqu’elle doit compétitionner pour quelques rayons de soleil.
Après la floraison en août, apparaît son fruit rebondi et conique. Le follicule mesure en moyenne 8 à 12 cm de long et contient la précieuse fibre soyeuse ainsi que ses semences. Bien qu’elle se reproduise davantage par rhizome, la légèreté de sa fibre lui permet une meilleure dispersion de ses semences par le vent. Elles s’envolent afin d’avoir une toute petite chance qu’une seule d’entre elles tombe sur un sol dénudé de végétation et sans perturbation soit, des conditions d’implantation favorables.
140 variétés d’asclépiade ont été répertoriées dans le monde. Au Québec, on en retrouve 4. L’Asclépiade commune ne figure pas parmi les variétés à toxicité élevée. Ainsi, une énorme quantité devrait être ingérée pour avoir des conséquences graves. La toxicité provient des cardénolides, substances servant de moyen de défense à la plante ainsi qu’aux insectes qui s’en nourrissent. Ces derniers deviennent indigestes pour les prédateurs potentiels. Ils ne mourront pas mais, l’expérience sera assez désagréable pour se rappeler de ne plus remettre l’insecte au menu !
Essentielle au monarque
La chenille du papillon monarque se nourrit exclusivement des feuilles de l’asclépiade.
Le papillon arrive au Québec avec la floraison de l’asclépiade et repart vers la fin août. Il entreprend alors un grand voyage de 4500 km vers son site d’hivernation dans les hautes forêts de l’État du Michoacán au Mexique.
Misson Monarque, un programme de science participative, est une excellente référence au sujet du papillon monarque ainsi que de l’Asclépiade commune dont il dépend. Ce programme est une initiative conjointe de l’Insectarium de Montréal – Espace pour la vie et de l’Institut de recherche en biologie végétale.
Innovation et tradition : histoire de l’asclépiade
Originaire de l’Amérique du Nord, les premières nations utilisaient l’Asclépiade commune dans leur quotidien comme plante médicinale, à la fabrication de corde, et comme fils décoratifs.
Pendant le 17ème siècle, selon les fameuses lettres de Marie de l’incarnation, quelques cocottes sont envoyées dans une congrégation de religieuses en France. La fibre soyeuse est conférée aux tisseurs de la cour, qui sont les experts en filage à l’époque. Ces derniers tissent des sous-vêtements pour le roi Louis XIII. Séduit par la douceur de la fibre, le roi exige l’exclusivité.
Au début du 20e siècle, plusieurs essais de culture et de commerce sont tentés au Canada ainsi qu’aux États-Unis. Pendant la 2ème guerre mondiale, suivant une pénurie du kapok, 1,2 millions de vestes de sauvetage sont remplies avec de la fibre d’asclépiade. D’autres pénuries s’ajoutent, soit la laine pour les uniformes des soldats ainsi que le latex, suscitant un intérêt commercial grandissant pour la plante. Toutefois, la découverte et mise en marché des textiles synthétiques offrent une nouvelle alternative et viennent résoudre plusieurs problèmes d’approvisionnements.
Avec la modernisation de l’agriculture, l’asclépiade commune est perçue comme une mauvaise herbe aux monocultures intensives.
Dans les dernières années, nous avons pris conscience de l’impact néfaste que les fibres synthétiques ont sur l’environnement. Et une alternative végétale et éthique est de plus en plus nécessaire. Depuis 2013, la coopérative Monark change la perception de cette fibre extraordinaire pour qu’elle soit pleinement reconnue à sa juste valeur.