Le papillon monarque est l’une des espèces de papillons les plus connues au monde, ce qui en fait un symbole international de la conservation de la nature. D’autant plus que le monarque s’avère une sentinelle plus qu’importante sur notre continent. L’absence ou la présence de monarques en dit long sur l’évolution des conditions environnementales en Amérique du Nord.
Un message préoccupant
Chaque année, divers organismes de conservation évaluent et publient la taille des populations ayant atteint les sites d’hivernage, soit au Mexique et en Californie. Au Québec durant l’été, nous accueillons les colonies dites de l’Ouest qui hivernent au Mexique. Ainsi en décembre 2024, la superficie occupée par le monarque au Mexique a doublé, soit 1,79 hectare de forêt alors que nous le retrouvions sur seulement 0,9 hectare en 2023. Bien que la population s’est accrue et que nous nous en réjouissons, la tendance demeure en diminution et sans aucun doute, alarmante. (À titre indicatif, les experts estiment qu’un hectare serait occupé par environ 50 millions de papillons.)
Sur une période de 20 ans, les populations de monarque ont diminué de plus de 85%. Le gouvernement du Canada a d’ailleurs inscrit le majestueux papillon comme espèce en voie de disparition en vertu de la Loi sur les espèces en péril (LEP) en décembre 2023.
Envers et contre tout
Plusieurs facteurs ont une influence sur la taille de la population recensée chaque année. Les activités agricoles intensives ainsi que l’étalement urbain et industriel diminuent le nombre de sites de reproduction adéquats ainsi que les ressources alimentaires disponibles. Aussi, les conditions météorologiques rencontrées lors des migrations du printemps et de l’automne, de longs périples d’environ 4500 km, ont un impact important pour le voyageur de moins de 0,5 gramme. Par exemple, les changements climatiques accentuent la possibilité de sécheresses, d’orages violents, de pluies fortes, de températures plus froides, etc.

La femelle ne pond ses œufs que sur l’asclépiade, l’unique source de nourriture de la larve et la chenille. Elle peut pondre jusqu’à 400 œufs un par un, généralement à raison d’un œuf par plant. Ainsi, la reproduction demande beaucoup d’énergie. Outre la chance de croiser un champ d’asclépiades, il en faudra des battements d’ailes pour assurer la survie de l’espèce dans un contexte où l’asclépiade est moins présente. D’autant plus que le taux de survie du monarque dès la naissance ne serait que de 1%, la plupart des œufs et des larves étant par exemple mangés par d’autres insectes. (À noter que des experts ont observé que deux générations de monarques voient le jour par migration.)
Avec toutes les difficultés rencontrées, le monarque n’arrive pas à augmenter la taille de ses colonies afin d’atteindre un seuil de 4 à 5 hectares et ainsi, renverser la tendance pour assurer la conservation de l’espèce. Il est nécessaire d’agir et de l’aider tous ensemble, milieux urbains et agricoles, en lui assurant un nombre suffisant d’habitats sains.
Pour en savoir plus sur ce qu’est la biodiversité et un habitat favorable pour les pollinisateurs, vous pouvez lire l’article La fibre d’asclépiade pour verdir l’économie.

L’effet parapluie
Protéger le papillon monarque contribue du même coup à la survie de plusieurs autres pollinisateurs essentiels. Sa grande popularité encourage les efforts de restauration et de préservation qui contribuent indirectement à d’autres espèces moins prisées du public. Les pollinisateurs sont indispensables dans la production alimentaire et l’équilibre des écosystèmes naturels, dont nous aussi faisons partie et devons contribuer positivement.
Marie-Noël Breton
Entrepreneure agricole, passionnée par la diversité florale et la pollinisation, Marie-Noël Breton a la fibre de l’innovation ! Membre de la coopérative depuis 2017 et aujourd'hui chargée de projet, elle a pour objectifs de promouvoir cette fibre locale aux propriétés exceptionnelles et rassembler les industries québécoises dans ce projet unique au monde !